ACCOUCHER DE SOI
- claire guillemain
- 2 mars
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 mars

JE VOIS AVANT LES MOTS
Je suis comme toutes ces personnes dont le corps parle en images avant de trouver les mots. Je pense mais visualise beaucoup. J'ai appris à tendre vers ces images qui m'arrivent spontanément de façon clairvoyante. Alors, je m'exécute lorsque je sens que le moment est venu, que mon corps est prêt, qu'il m'offre cette intimité de partager avec lui, je l'écoute et active en lui offrant l'espace d'expression dont il a besoin. Je comprendrai plus tard "pourquoi ?".
L'expression de l'imaginaire a là un fort intérêt.
Lorsque l'évidence est sous nos yeux mais que nous ne la voyons pas, sentons qu'il demeure quelque chose à réaliser mais que nous n'y arrivons pas. Même si d'autres ont peut-être déjà compris avant vous et que vous n'en avez pas encore pris conscience et vous laisse le temps de le comprendre, le temps pour vous de lever les barrières, les peurs et les croyances, le temps de vous réaliser et de réaliser qui vous êtes... Comme je le dis, la photographie est une amie.
Cette image m'a bouleversée, je ne l'ai comprise que quelles heures après l'avoir photographiée... J'ai compris le sens qu'elle avait pour moi lorsque les mots ont émergé de ma conscience comme une évidence. Cet instant où tout s'éclaire, ouvre le champ et vous libère pour de nouveau avancer.
Comme un enfant, nous connaissons ces étapes de conscience de l'éveil de soi, de [re]naissance de soi... Et puis un jour, je réalise mon désir, parmi d'autres : avoir un enfant ! La prise de conscience fait en dix ans son chemin avec entre autres... Un corps qui accueille, une tête qui fait de la place, un coeur qui rencontre l'inconditionnel... Et puis un jour, il y a cet autoportrait !
J'avais sous les yeux cet enfant que je désirai tant qui ne demandait qu'un seul acte : l'aimer pour ce qu'il est, l'écouter lorsqu'il s'exprime, le protéger de ce qu'il n'a guère pu être protégé, le défendre, le comprendre, le rassurer, lui dire "ce n'est pas de ta faute", s'occuper de lui à présent, lui apprendre, lui transmettre, lui faire ressentir qu'il est en sécurité, qu'il peut rester insouciant. Etre heureux ! Car, l'enfant est l'être qui est au plus proche du véritable bonheur.
Il est intérieur et nous responsabilise. Il repousse nos limites et nous fait déplacer des montagnes. Il nous demande la vérité, d'être vrai et parfois de savoir lui dire non et de rester à sa place. D'être et devenir un véritable parent pour lui-même. Comme si nos deux moitiés s'aimaient assez fort pour s'unir et prendre en charge la responsabilité d'être ce parent dont cet enfant à besoin et l'aimer tel qu'il est tout en apprenant à le connaître jour après jour et lui donner les outils nécessaires à son évolution.
Aujourd'hui mon désir est tout autre qu'avoir un enfant ! En accouchant de mon petit être, je suis en ce jour immortalisé en photographie, cette femme devenue mère au fond de moi.
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